Le départ de Luca de Meo nous incite à regarder dans le rétroviseur le chemin parcouru depuis son arrivée en juillet 2020, même s’il est encore trop tôt pour établir un bilan de l’ensemble de ses actions. Souvenons-nous de Louis Schweitzer, lors de son départ de l’Entreprise, en 2005, certains doutaient encore de la pertinence du rachat de Dacia… et pourtant nous pouvons maintenant constater l’immense succès de cette marque.
Nous pouvons déjà porter au crédit de Luca de Meo la redéfinition du positionnement de chacune des marques du Groupe : Renault, Dacia, Alpine, Mobilize. Chacune a maintenant un positionnement clair et fort ainsi qu’une vision pour les années à venir, et l’expertise de Luca de Meo dans le domaine du marketing a pleinement tenu ses promesses. Pour d’autres décisions plus structurelles, il faudra attendre avant de pouvoir les juger.
Souhaitons qu’il puisse exercer ses compétences en marketing avec le même succès dans cet autre grand groupe français qu’il a rejoint, fleuron du luxe au niveau mondial. Ce choix est d’autant plus pertinent que l’industrie du luxe repose presque exclusivement sur le marketing.
Au contraire, dans l’industrie automobile, le marketing est nécessaire, mais pas suffisant, d’autres métiers forts sont indispensables pour concevoir, fabriquer et vendre les véhicules beaux, fiables et durables que nos clients désirent acheter. C’était peut-être finalement le bon moment, après avoir « fait le job » marketing, pour qu’il passe la main. L’impulsion donnée aux marques du Groupe Renault est suffisamment forte pour se poursuivre après son départ et si le cours de l’action a baissé à son annonce, cela montre qu’il était apprécié des investisseurs, mais ne signifie pas qu’il était indispensable.
Mesurons quelques résultats grâce aux graphiques suivants réalisés par L’AASR pour apprécier les évolutions sur un temps long :
1/ Le chiffre d’affaires a connu une croissance régulière depuis 2021, retrouvant en 2024 les niveaux maximum obtenus de 2017 à 2019, mais ce qui est plus notable c’est l’évolution très positive et sans précédent du chiffre d’affaires par véhicule : nous vendons mieux nos véhicules.
2/ La marge opérationnelle a dépassé ces deux dernières années le précédent record de 2017 : nous avons monté en gamme nos véhicules.
3/ Mais le résultat net par action reste modeste, car nous avons vendu moins de véhicules, aussi la progression du dividende par action a-t-elle été prudemment réduite cette année.
Ce bilan mitigé à court terme devra être complété par l’impact futur des orientations stratégiques initiées dans la période : création de Horse et Ampere par exemple.